Danyèl Waro, l’homme du renouveau du maloya
Origines du Maloya
Le mot « Maloya » viendrait du terme maloy aho, qui signifie « parler » en malgache mais aussi peut-être à d’autres significations, où il signifierait « douleur » ou « mal-être » dans de nombreux dialectes africains.
Né pour exprimer la douleur et la révolte des esclaves d’origine malgache et africaine, le Maloya permettait de traduire l’indignation qui grondait dans les plantations sucrières. Il était pratiqué en secret dans des plantations de canne à sucre ou dans des maisons, notamment dans le cadre de « services kabaré », qui marquaient un événement ou la fin de la campagne sucrière. Le nom de Kabar est aujourd'hui toujours utilisé pour décrire un rassemblement musical où l’on joue notamment du Maloya. La danse du Maloya, en lien avec ses rythmes tantôt lancinants, tantôt plus rapides, se danse en différents pas et déhanchés, et en tournant au rythme de la mélodie et des percussions.
Une difficile reconnaissance
Si le Maloya est inscrit depuis 2009 au patrimoine immatériel de l’humanité certifié par l’Unesco, et qu’il se joue et s’écoute aujourd’hui partout sur l'île de la Réunion, le chemin n’a pourtant pas été simple. Le Maloya a en effet pendant longtemps été interdit par l’administration coloniale, et il était donc pratiqué de façon clandestine et transmis dans le cercle familial. La simple détention de certains instruments de musique était d’ailleurs répréhensible.
Le Maloya a progressivement conquis l’espace public à partir des années 1970, porteur notamment de revendications politiques, pour devenir aujourd’hui un art et une expression majeure de l’identité culturelle et musicale de La Réunion. Grâce aux influences de la poésie, du slam mais aussi du rock, du reggae, du jazz et même de l’électronique, le genre connaît un second souffle.
Le Maloya aujourd'hui
Le Maloya est aujourd’hui chanté et dansé sur scène par des groupes de musiciens et la forme des textes est beaucoup plus variée. De nombreux albums sont produits chaque année et de nombreuses tournées sont organisées au niveau national et international.
Aux instruments traditionnels comme le oulèr, le bob, le kayanm, le pikèr se sont ajoutés d’autres types de percussion tels le djembé, les congas, le triangle, le sati. Les services culturels du conseil régional de La Réunion ont recensé aujourd'hui environ 300 groupes musicaux qui déclarent pratiquer le Maloya.
Danyèl Waro
Le maloya est l’emblème musical de l’île de La Réunion, Danyèl Waro en est sans conteste le porte-drapeau. Musicien autant que poète, fabricant d’instruments et infatigable militant de la cause créole, ce personnage aux convictions très fortes est parvenu en quelques albums à s’imposer comme un artiste de référence sur la scène des musiques du monde.
Quatrième d’une famille de cinq enfants, Danyèl Waro est né dans une famille modeste, dans une maison qui n’a ni eau courante ni électricité. La jeunesse de Danyèl Waro est une suite de révoltes : il échoue au bac après avoir été meneur de grève en Terminale, puis fait deux ans de prison pour insoumission après avoir refusé de porter l’uniforme durant son service militaire dans l’hexagone en raison de ses positions antimilitaristes. C’est là qu’il écrit ses premiers textes en créole, publiés en 1979 sous le titre de Romans ékri dan la zol an frans (Roman écrit en prison en France). De retour à La Réunion, il se lance dans une carrière de musicien avec la Troup Flanboiyan aux côtés de son frère Gaston.
Très engagé dans le combat pour la pratique et la reconnaissance du créole à La Réunion, il chante les luttes, les cultures et le métissage de la société réunionnaise. Il voit cette musique comme une arme politique contre le pouvoir métropolitain et lui donne surtout l’opportunité de se découvrir lui-même et de prendre pleinement conscience de son identité réunionnaise.