Entretien avec Ewa et Yves Develon

La Collection africaine – Ewa et Yves Develon
Ewa et Yves Develon ont rassemblé depuis les années 1960 plus de 300 objets d’Afrique subsaharienne. D’une grande exigence, ils ont façonné une collection à leur image, discrète et émouvante. Découvrez leurs histoires dans un entretien mené par Hélène Lafont-Couturier, directrice du musée, extrait du catalogue La collection africaine Ewa et Yves Develon.
Hélène Lafont-Couturier : Yves, comment avez-vous découvert l’art africain ? Com­ment avez-vous débuté votre collection ?

Yves Develon : Ce sont les hasards de la vie qui ont déposé des sculptures du Nigeria sous mes yeux… Dans les années 1960, j’étais consultant dans un cabinet d’ingénieurs-conseils et je suis intervenu dans différents pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. C’est en 1965 que j’ai commencé la collection qui, cinquante ans plus tard, est à peine terminée !
Si je n’avais pas obtenu un poste à Abidjan, je n’aurais peut-être pas collectionné ces sculp­tures. Dans d’autres circonstances, cela aurait pu aussi bien être la peinture italienne du 16e siècle ou un tout autre domaine.
Je ne connaissais rien du tout à l’art africain. Mais j’ai commencé à regarder et, tous les jours, j’avais rendez-vous avec des marchands. On parlait des objets que l’on avait et qui étaient généralement tous faux. J’ai d’ailleurs acheté des faux mais je ne les ai pas revendus.

Hélène Lafont-Couturier : Après une première donation en 2018 de quarante objets de votre collection au musée des Confluences, vous faites aujourd’hui le choix de confier votre collection au musée par voie de legs : pourquoi souhaitez-vous donner à un musée ? Et plus particulièrement au musée des Confluences de Lyon ?

Ewa Develon : Dans notre famille, autant du côté d’Yves que du mien, il n’y a pas d’amoureux de l’art africain. Nous avions donc deux possibilités.
La première était celle de la vente publique des objets, ce qui signifiait la dispersion des objets, la dispersion de la collection, de notre travail tout de même d’une cinquantaine d’années pour ce qui concerne Yves et d’une quarantaine d’années pour moi.
La deuxième était celle de la donation, ce qui signifiait qu’un travail autour de notre collection serait poursuivi par le musée. Et c’est là que nous avons décidé de donner la collection au musée des Confluences.
Pourquoi ce musée et pas un autre ? C’est l’histoire d’une formidable rencontre.

Yves Develon : Oui, au musée des Confluences, nous avons reçu un accueil de qualité, avec des perspectives qui me convenaient parfaitement, c’est-à-dire sans rupture entre le travail que nous avons fait Ewa et moi, et les perspectives du musée des Confluences.
Notre travail va être poursuivi et va s’adresser directement au public. Personnellement, j’ai un peu l’impression que l’on pourra, grâce aux personnes du musée des Confluences, continuer quelque chose. Les objets arrivent d’un collectionneur à la démarche individuelle et personnelle. Ils entrent au musée et pénètrent dans un autre champ, un champ collectif, un champ institutionnel. Ici, la collection enrichit le musée et le musée enrichit la collection.